Page:Normand - Soleils d’Hiver, 1897.djvu/164

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« Ce soleil sera chaud, et brillant, et superbe ;
À l’appel de l’aurore, il dénouera la gerbe

De ses javelots enchantés ;

Et, quand le soir tombant finira sa carrière,
Il plongera dans l’ombre, en laissant en arrière

L’adieu sanglant de ses clartés.


« Ainsi tous deux unis, soleil d’or, mer jolie,
Feront de cette terre une terre accomplie

Où, comme aux pays fabuleux,

Les arbres les plus beaux, les fleurs les plus aimées
Mêleront dans le vent leurs senteurs embaumées

Sous l’éclat des ciels toujours bleus ;


« Une terre où les yeux n’auront rien qui les blesse ;
Où l’air subtil sera d’une étrange souplesse,

Le flot finement argenté ;

Où l’hiver indulgent rappellera l’automne…
Un coin du Paradis que d’avance je donne

À la future Humanité.


« C’est là qu’elle viendra, par foules empressées,
Fuyant la neige épaisse et les villes glacées,

Fuyant les horizons ternis,

Chercher, dans la tiédeur des maisons bien fermées,
Ainsi qu’un vol d’oiseaux cachés sous les ramées,

La molle illusion des nids.