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PAGES DE BONHEUR

(EXTRAITS DU JOURNAL D’UNE JEUNE MARIÉE)
Cannes, 3 décembre.



Un matin radieux, souriant, enchanté…
À la fin de l’automne une douceur d’été.
Devant moi la mer bleue ; et là, sous mes croisées,
Tout imprégnés encor de furtives rosées
Les jardins de l’hôtel où, parmi les roseaux,
Volète en babillant une bande d’oiseaux.

Est-ce bien vrai ?… Huit jours à peine, et tant de choses !
Après le mariage et le lunch, vitres closes,
À grand train, le coupé filant dans le soir gris
Le long des quais déserts, jusqu’au bout de Paris ;
La gare lumineuse et sonore, remplie
De gens semblant atteints de la même folie,
Vifs, pressés, ahuris, bousculés, bousculeurs ;
Le sleeping réservé qu’il a garni de fleurs ;
Le rapide fendant nerveusement l’espace ;
Bientôt, un lourd sommeil d’enfant… (j’étais si lasse !)