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Page:Normand - Soleils d’Hiver, 1897.djvu/50

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Atteints d’une même démence,
Croisent leurs défis imprudents :
« Commence, toi ! — Non, toi, commence ! »
Père Jean, sifflant son refrain,
Sème, sème, sème le grain.

On crie, on s’insulte, on s’exerce
À tout changer, à briser tout.
On démolit, on bouleverse…
D’un bout du monde à l’autre bout
C’est une impitoyable averse…
Père Jean, sifflant son refrain,
Sème, sème, sème le grain.

Il est tranquille, le bonhomme ;
Il sait que les brillants discours
De ces beaux messieurs qu’on renomme
Ne font pas les hivers plus courts,
Ni les étés moins chauds, en somme…
Père Jean, sifflant son refrain,
Sème, sème, sème le grain.

Il sait que sa vieille maîtresse,
La Terre, hait ces vains brailleurs,
Et qu’elle garde sa tendresse
Aux bons gars, aux vrais travailleurs,
Dont la main rude la caresse…
Père Jean, sifflant son refrain,
Sème, sème, sème le grain.