Page:Normand - Soleils d’Hiver, 1897.djvu/88

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Triste et frêle, portant dans ses yeux de vingt ans
Le lent détachement des choses de la terre,
Elle songe aux brouillards de la froide Angleterre
Et regrette l’hiver au milieu du printemps.

En vain pour l’arracher à ses sombres pensées
Tout est joie autour d’elle, et sourire, et rayon…
Elle poursuit toujours la vaine illusion
Des choses tendrement et longtemps caressées.

Et c’est vers un mignon cottage à volets verts,
Au bord de la Tamise, enfoui sous le lierre,
Que s’envole, bien loin du pays de lumière,
Le regard de ses yeux vaguement entr’ouverts.



Ô Terre de Provence, ô terre douce et bonne,
Hospitalière à tous les souffrants d’ici-bas ;
Sous tes gris oliviers toi qui ne connais pas
Les tristesses d’hiver ou les langueurs d’automne ;

Terre d’or, d’où jaillit l’ardent alleluia
De toute une nature au soleil embrasée,
Que dis-tu de te voir à ce point méprisée
Par cette pâle enfant que le Nord t’envoya ?