Page:Normand - Soleils d’Hiver, 1897.djvu/89

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À quoi bon prodiguer la richesse odorante
De ta flore aux parfums subtils comme le miel
Et les rayonnements splendides de ton ciel
Devant cette cruelle et froide indifférente ?

Pour punir ses dédains, ne ferais-tu pas mieux
D’éteindre brusquement l’éclat de ton sourire ?
De fermer ce beau livre où son cœur ne peut lire ?
De cacher ces trésors que ne voient pas ses yeux ?

Mais non, non ! Loin de toi cette mesquine envie,
Ô Nature !… Pour tous ton amour est pareil !
Puisque la pauvre enfant sous ton brillant soleil,
Sous ton azur profond ne peut trouver la vie,

Tu veux t’associer du moins au prochain deuil
De cette fleur du Nord, aux pétales mi-closes ;
Et, sous ses yeux ingrats, tu fais naître les roses
Qui s’épanouiront demain sur son cercueil.