Page:Normand - Soleils d’Hiver, 1897.djvu/93

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


PREMIER JANVIER

Golfe Juan.



Depuis hier au soir le mistral a gémi.
Il s’apaise au matin. Sur le flot endormi,
Rien qu’un frisson léger, une caresse douce ;
Le long du sable d’or, une frange de mousse
Que la mer a laissée ainsi qu’un fin sillon,
Lentement s’évapore et fond dans un rayon.
Le soleil, déjà chaud, monte au-dessus de Nice.
Un air tiède, imprégné de senteurs de calice,
Chante parmi les pins et les orangers verts.
Coquette, dans le vent qui la prend en travers,
La barque va, glissant vers la pointe d’Antibes…

Et toi, pendant ce temps, jusqu’aux os tu t’imbibes,
Frère parisien, de pluie et de brouillard…
J’ai honte de ce doux far-niente de lézard,
Et voudrais t’envoyer au moins, par lettre close,
Pour ton premier janvier, un peu de ce ciel rose !