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Page:Notice historique sur les ouvrages et la vie de Cuvier.djvu/100

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but d’éloigner tout ce qui dans le tourbillon de la vie aurait pu lui ôter sa liberté de penser et troubler les conceptions de son génie.

Elle n’a profité de la position élevée à laquelle M. Cuvier était arrivé successivement par ses propres forces, des rapports sociaux qui en étaient résultés, de l’influence que lui donnaient son nom et ses places, que pour lui rappeler mille occasions de faire le bien. Le cœur de son mari y était sans doute toujours porté, mais il en aurait été souvent distrait par la multiplicité des affaires, sans celle qui n’hésitait jamais d’employer le crédit de son illustre époux, quand il s’agissait d’encouragemens à donner, d’injustices à réparer, de malheureux à soulager.

Le bonheur d’une union si parfaite ne pouvait être troublé que par des afflictions communes à tous deux, et lorsque la malheureuse mère, frappée dans ses plus chères affections, s’est sentie vaincue par la douleur, sa fille chérie, Mademoiselle Duvaucel, appréciant à son exemple les nobles et attachantes qualités de son beau-père ; l’aimant et l’admirant comme il méritait de l’être par son cœur et par son génie, s’est dévouée, à son tour, pour répandre sur les jours du grand homme le bonheur qui pouvait luire encore sur les dernières années de sa carrière, après les pertes les plus douloureuses.

Quatre enfans ont été les fruits d’un mariage aussi parfaitement assorti. L’aîné, qui était un garçon, né en 1804, ne vécut que deux mois. Un autre fils était parvenu à l’âge de sept ans : il montrait une intelligence très-remarquable, avec cette activité d’esprit si surprenante, qui a toujours distingué son illustre père, et qui pouvait faire espérer qu’un tel père revivrait dans