Page:Notice historique sur les ouvrages et la vie de Cuvier.djvu/117

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La lecture de cet ouvrage ne l’empêchait pas d’en lire beaucoup d’autres, tels que des voyages, des poésies, des livres d’histoire, de mathématiques, de philosophie, etc. Plusieurs personnes, même des plus instruites, prétendaient que tout cela ne ferait que lui embrouiller l’esprit. Mon grand-père, Cuvier, pasteur à Roches, chez lequel, à l’âge d’une douzaine d’années, il fut passer avec mon oncle une partie de ses vacances, l’examina sur ce qu’on lui enseignait au gymnase, etc., et lui fit expliquer différens morceaux d’auteurs latins et grecs. Il lui trouva des idées bien nettes, bien étendues, une instruction aussi solide que variée, et dit qu’il n’avait pas encore vu de jeune homme qui promit davantage. La suite du temps a fait voir qui avait raison, de mon grand-père, ou de ceux qui auguraient défavorablement de l’esprit et des connaissances précoces de son neveu.

Ce bon grand-père ne manquait jamais chaque fois qu’il nous voyait, moi et mon frère, et on ne cessait dans la maison paternelle, de nous proposer pour modèle notre cousin. On nous représentait que nous étions plus âgés que lui, que ce serait une honte pour nous, lorsque nous entrerions au gymnase, de n’être pas à peu près de sa force, etc. Tout cela était fort bien, sans doute ; mais toutes les têtes n’ont pas été jetées dans le même moule. Notre cousin, d’ailleurs, ne manquait d’aucun secours pour ses études : livres de toute espèce, conversations presque journalières avec différentes personnes instruites, l’émulation, cet aiguillon si puissant dans l’instruction publique, etc., voilà autant d’avantages qu’il avait, et dont nous étions privés.

Cependant, vers la fin de ses études classiques, mon cousin n’étudiait plus guères chez lui ses auteurs ; aux leçons mêmes il leur dérobait tous les momens qu’il pouvait, pour les donner au Pline français, dont il avait toujours au moins un volume dans sa poche. Plus d’une fois il fut surpris à en dérober furtivement quelques pages pendant qu’on interprétait Virgile ou Cicéron ; et plus d’une fois aussi ces sortes de larcins envers la vénérable antiquité lui valurent des réprimandes de la part du Recteur.


Note c (page 8).
Séjour du jeune Cuvier à Stuttgart.

C’est le 18 Mai 1784 que le jeune Cuvier fut admis dans l’Académie Caroline à Stuttgart.