Page:Notice historique sur les ouvrages et la vie de Cuvier.djvu/120

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(115)

la mort de Kœstlin, que M. de Kielmeyer, qui n’entra à l’Académie comme professeur de cette science, qu’après le départ de M. Cuvier.

Je voudrais pouvoir consigner ici les progrès qu’il fit successivement dans les différentes branches d’études qu’il devait suivre, et pouvoir juger jusqu’à quel point les maîtres qui le dirigèrent eurent d’influence sur le développement de son génie ; mais il m’a été impossible de me procurer, malgré mes pressantes demandes, des détails complets à cet égard. Je sais que M. de Kielmeyer, qui a professé plus tard avec distinction la zoologie dans cet établiessement, et qui s’est fait connaître par des travaux d’anatomie et de physiologie comparées pleins d’intérêt, se trouvait encore à l’Académie comme pensionnaire vétéran pendant les premières années du séjour du jeune Cuvier ; et que ses conseils lui furent utiles, ainsi que l’a exprimé M. Cuvier dans ses souvenirs. Je sais que Storr professait à cette époque l’histoire naturelle à l’universite de Tubingen, et qu’il avait publié, dès 1780, une nouvelle classification des mammifères, qui a pu servir à répandre quelques rayons de lumière dans cette intelligence que la moindre lueur devait rendre attentive et fortement exciter.

Il est encore à présumer que les ossemens de plusieurs mammifères, qui avaient été trouvés, déjà en 1700, dans les environs de Canstadt près de Stuttgart, et que l’on conservait dans le cabinet grand-ducal, ont dû fixer l’attention du jeune Cuvier, et le diriger vers l’étude des débris de l’ancien monde. Cependant toutes ces influences me paraissent avoir été bien secondaires en comparaison de celles qu’a eues sur le développement du génie de Cuvier, le génie de Buffon.

On a vu, par les détails que nous avons donnés dans la note précédente, comment le talent du dessin, si prononcé dans le jeune Cuvier, l’avait d’abord entrainé à copier les figures des animaux de Buffon, puis avait fait naître en lui le désir de lire dans cet auteur admirable les descriptions des animaux que ces figures représentaient, pour les enluminer, et l’avait même conduit à figurer, d’après ces descriptions, les animaux qui ne l’étaient pas dans l’ouvrage. Dès ce moment, les germes du grand naturaliste commençaient à se développer en lui ; dès cet instant, il sut trouver dans Buffon la nourriture la plus propre à les faire croître rapidement ; et si l’on réfléchit combien cet auteur est grave, combien il est profond et au-dessus de la portée d’une intelli-