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très-blanche et ses cheveux roux jusqu’à l’âge de trente ans. Vers cette époque, qui coïncide précisément avec celle où ses poumons acquirent plus de force et tous ses organes plus de consistance, la couleur de ses cheveux devint peu à peu plus foncée et passa au châtain. C’est à l’époque de ce changement que son portrait fut peint par Vincent et gravé par Miger. En le comparant avec celui exécuté dans le commencement de son séjour à Paris, lorsqu’il était encore souffrant et très-maigre (voyez page 129 de cette Notice), on reconnaîtra la grande amélioration qui eut lieu à cette époque, dans la constitution de M. Cuvier. Depuis lors sa santé s’est soutenue on ne peut meilleure, et sans que l’excessif travail de tête auquel il se livrait journellement, l’ait altérée le moins du monde.

Son appétit était toujours excellent et sa digestion très-facile, malgré de très-mauvaises dents. Il dormait habituellement de sept à huit heures, d’un sommeil calme et profond, nonobstant l’extrême activité de la journée, qui aurait pu lui laisser de l’agitation pendant la nuit.

Quelques rhumes, quelques fluxions, de légères douleurs de rhumatisme sont à peu près les seules indispositions qu’il ait eues pendant la dernière moitié de sa vie, qu’il a consumée dans un travail continuel de cabinet : travail qui paraissait autant convenir à sa nature, qu’au commun des hommes l’activité de la vie champêtre.

Nous venons de voir que, vers l’âge de trente ans, il se fit une révolution dans sa constitution ; que ses organes acquirent de la consistance et de la force : il prit de la chair.

De quarante-cinq à cinquante ans, il commença à devenir gras ; mais l’habitude à laquelle il se soumit peu à peu de se couvrir de plus en plus de doubles de flanelle ou de morceaux de fourrures, crainte de suppression de transpiration, augmentait beaucoup les apparences de son embonpoint réel.

Sa vue était si bien conservée qu’il a toujours lu et écrit sans lunettes. Sauf l’embonpoint, qui ôtait à sa démarche la vivacité qu’elle avait auparavant, M. Cuvier jouissait, avant sa dernière maladie, à l’âge de soixante-deux ans, d’une organisation aussi bien conservée, qu’elle l’est dans nos climats, à l’âge de cinquante ans, chez le commun des hommes les mieux constitués.

On trouvera dans une brochure publiée par le Docteur Em. Rousseau, chef des travaux anatomiques du Muséum et aide de M. Cuvier, et dans la Gazette médicale du Mardi 15 Mai et Sa-