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différence d’un gros et demi à l’avantage de M. Cuvier, d’où il suit que l’excès de poids de son encéphale tenait presque exclusivement à l’énorme développement de ses lobes cérébraux. Un des caractères du cerveau de l’homme auquel paraît liée sa supériorité intellectuelle, est, d’après M. Desmoulins, la grande étendue de la surface cérébrale, et cet avantage résulte chez lui du nombre et de la profondeur des anfractuosités ; c’est par cette sorte d’artifice q’une vaste membrane nerveuse a pu être contenue dans une cavité circonscrite comme le crâne. Sous ce point de vue le cerveau de M. Cuvier paraissait plus avantageusement partagé encore que sous celui du volume et de la masse. Aucune des personnes qui assistaient à l’ouverture du corps, n’avait mémoire d’avoir vu un cerveau aussi plissé, des circonvolutions aussi nombreuses et aussi pressées, des anfractuosités si profondes. C’était surtout à la partie antérieure et supérieure des lobes cérébraux que cette conformation avait acquis le plus heureux développement. »

Note t (page 101).

« Ces perpétuels changemens de noms finiront par rendre l’étude de la nomenclature beaucoup plus difficile que celle des faits. » (Règne animal, 2.e édit., tome III, page 191, note 3.)

M. Cuvier préférait conserver un mauvais nom, que l’usage avait consacré, plutôt que de lui substituer un nom nouveau, quoique meilleur. Voici ce qu’il écrit à feu Hermann à ce sujet. Il venait de lui donner des détails intéressans sur l’animal de la lingule : « Ce nom de lingule ne vaut rien, je l’avoue ; mais toujours changer ; toujours changer ! Je suis excédé des changemens que les moindres petits auteurs font à tort et à travers, et je donne quelquefois dans l’excès opposé. »

C’était en Mars 1799 que M. Cuvier se plaignait ainsi des néologues : il n’avait pas encore trente ans.

Cette répugnance extrême qu’il avait à faire des noms nouveaux, l’empêchait souvent de donner un nom à des coupes nouvelles, dont il avait assigné les limites et les caractères, et de constater ainsi, pour l’avenir, la découverte des rapports qu’il avait saisis le premier. D’autres naturalistes, moins réservés, et surtout moins scrupuleux, se sont empressés de remplir ces petites lacunes dans la nomenclature ; ce qui ne leur a coûté que