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la peine de chercher dans un dictionnaire grec deux mots qu’on puisse marier ensemble. D’autres ont fait comme certains industriels, qui prétendent avoir droit à une invention, tant peu qu’ils en aient modifié le mécanisme et quelqu’insignifiante que soit leur modification ; ils se sont contentés de changer la nomenclature de M. Cuvier, nomenclature imposée par le génie, sans pouvoir perfectionner la composition des groupes et leurs caractères, arrêtés et déterminés par ce législateur de l’histoire naturelle.

Note u (page 105).

Je ne puis placer qu’ici quelques mots sur la bibliothèque de M. Cuvier, qui serviront de supplément à ce que j’en ai dit page 105.

Cette bibliothèque se compose d’ouvrages achetés par M. Cuvier, et de livres qu’il avait reçus en cadeau des auteurs.

Pour l’anatomie et la physiologie comparées, l’histoire naturelle systématique ou philosophique et ses différentes applications, et pour les voyages, elle présente un ensemble très-rare ; elle comprend, en outre, une foule d’ouvrages de littérature ancienne et moderne, d’histoire, de jurisprudence, etc. Un très-petit nombre renferme des notes précieuses, écrites en marge, de la main de M. Cuvier. J’en connais entre autres d’extrémement intéressantes, sur les mémoires de Cabanis, insérés parmi ceux de la classe des sciences morales et politiques de l’Institut.

Grâces aux mesures qu’a prises le Gouvernement, lesquelles ont été sanctionnées par les Chambres, cette collection précieuse que M. Cuvier avait rassemblée avec tant de peines et de sacrifices, ne sera pas dispersée ni perdue pour la France. La même loi, qui accorde une pension de six mille francs à sa veuve, prononce que la bibliothèque de M. Cuvier sera acquise aux frais de l’État, pour la somme de soixante-douze mille francs. Il est vrai de dire que Mad.e Cuvier doit avoir mis, dans cette transaction, une facilité que ne pouvait manquer de lui donner, ce double et on ne peut pas plus honorable témoignage public de haute estime, pour la mémoire de M. Cuvier.

La veuve de Linné, inspirée par un tout autre sentiment, vendit aussitôt après la mort de son illustre époux, ses collections à M. Smith, qui se hâta de les faire transporter en Angleterre, aux grands regrets de la Suède. (Voyez la vie de Linné, par M. Fée, Paris, 1832, page 313.)