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qui s’y livre aux considérations les plus générales sur l’origine et la formation des êtres. C’est une des parties philosophiques de la science, à laquelle les travaux de MM. Geoffroy Saint-Hilaire et Savigny, en France, ont donné une grande impulsion. J’ai vu M. Meckel commencer à la cultiver dès 1804, dans le laboratoire de M. Cuvier, par ses recherches si intéressantes sur les différences que présentent les viscères des fœtus de différens âges ; recherches qu’il a continuées en Allemagne avec un grand succès. Bojanus, Spix et MM. Ocken, Hérold, Burdach, Bœr, Rathke, van der Hœven, Muller, etc., ont encore beaucoup contribué par leurs écrits, à donner à cette étude particulière la vogue qu’elle a acquise dans ces derniers temps.

M. Cuvier était loin de la négliger ; les différences d’organisation n’étaient souvent pour lui que des modifications d’un même plan ; et ce plan, qui pouvait se vanter de posséder toute sa puissance intellectuelle pour le mieux saisir ; d’avoir acquis plus d’expérience et de science pour en découvrir tous les détails ; d’être doué, comme lui, pour en pénétrer avec justesse toutes les lois les plus cachées, de ce regard du génie, le plus perçant à la fois et le plus étendu ? Mais, il faut le dire, il ne se livrait à ces considérations générales qu’avec une grande réserve, et toujours en s’attachant à l’observation la plus sévère et la plus incontestable. La constitution de son esprit, dans lequel un jugement exquis était le modérateur sévère de l’imagination, retenait chez lui, dans de justes bornes, la force des aperçus, en lui inspirant la crainte continuelle de transformer une science toute positive en une science spéculative. C’était, suivant M. Cuvier, la plus grande erreur qu’on