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Page:Notice historique sur les ouvrages et la vie de Cuvier.djvu/80

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lique, qui semblait annoncer que c’était pour la dernière fois que l’esprit sublime d’un tel maître se révélait à ses disciples.

Il reprenait ce jour-là son cours sur l’histoire des sciences naturelles, qu’il avait interrompu pendant l’époque des plus grands ravages du choléra.

Permettez-moi de vous lire ici ce qu’a écrit de cette leçon un de ses auditeurs les plus distingués par son savoir et ses sentimens, l’une des personnes dont l’esprit élevé pouvait le mieux comprendre la hauteur des pensées de ce grand maître.

« Après avoir résumé, » c’est l’historien de cette sublime leçon qui parle, « ce qu’il avait dit jusque-là pour rendre compte des efforts tentés par les différentes écoles philosophiques pour expliquer le monde de phénomènes qui nous entoure, après s’être élevé avec la force et la vivacité d’une sainte indignation contre cette hérésie en histoire naturelle, qui veut ramener tout, dans ce vaste univers, à une pensée isolée et systématique, et faire des progrès du moment un temps d’arrêt et un obstacle pour l’avenir ; M. Cuvier avait indiqué ce qui lui restait à dire pour vider les deux grandes questions de l’évolution et de l’épigénèse, et pour développer ensuite sa propre manière d’envisager l’étude de la création : étude sublime, dont la mission est de ramener l’intelligence humaine, qui n’envisage et ne comprend les choses qu’une à une, et qui les méconnaît en les assujettissant à des systèmes étroits, pour la ramener, dis-je, à cette Intelligence Suprême, qui les comprend, les vivifie toutes et leur donne leur individualité parfaite, parce qu’elle ne laisse manquer à aucune d’elles