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Page:Notice historique sur les ouvrages et la vie de Cuvier.djvu/94

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de son manuscrit, écrit constamment à mi-marge, afin de se réserver cette facilité des additions.

La plupart des savans font des extraits des divers ouvrages dans lesquels un sujet semblable ou analogue à celui qui est l’objet de leur travail a été traité, afin de rappeler l’état de la science et de rendre justice aux travaux de ceux qui se sont occupés de la même matière. La mémoire de M. Cuvier n’avait pas besoin de ce secours ; il ne gardait aucune note, ne faisait aucun extrait de ses lectures, excepté pour son Règne animal, dont il possédait un exemplaire relié, avec des feuillets blancs, qui lui servaient à faire les additions que les découvertes journalières rendaient indispensables et qu’il y consignait pour une nouvelle édition.

Quand il préparait un mémoire sur un travail quelconque, il ouvrait tous les ouvrages qui traitaient du même sujet, les étalait sur les tables de son cabinet, comparait les passages concernant la matière en discussion et les figures qui s’y rapportaient. Un coup d’œil, pour ainsi dire, lui suffisait pour classer ce qu’il avait vu, d’après le plan de son travail, qu’il rédigeait immédiatement.

Sa mémoire était telle qu’il n’avait, pour ainsi dire, rien oublié de ses nombreuses lectures. Il m’a dit plusieurs fois qu’il savait mieux l’histoire que l’histoire naturelle. En effet, je l’ai entendu souvent raconter les plus petits détails d’un point d’histoire en apparence peu important. Il connaissait même très bien le blason, et pouvait indiquer les noms des personnages les plus marquans des principales familles historiques de l’Europe, avec les circonstances les plus intéressantes de leur vie, et dire conséquemment tout ce qui avait rendu ces familles célèbres.