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Personne n’expliquait mieux que lui l’esprit des différentes législations. Voilà pourquoi il a rendu de si éminens services au Conseil d’État. Ici la mémoire et le jugement formaient l’épée à deux tranchants de sa puissante parole. Le jugement ! personne ne l’a jamais eu plus juste, plus pénétrant que lui et n’a montré une manière de raisonner plus sévère. C’est ce jugement exquis, cette manière claire et lucide, avec laquelle il concevait les vérités d’une science quelconque ou de toute autre partie dépendante de nos facultés intellectuelles, qui a fait le grand mérite de ses travaux, et qui rendait sa conversation si attrayante, quand on avait le rare bonheur de l’entendre causer ; car cette étonnante conception donnait, dans ses discours comme dans ses écrits, aux sciences les plus abstraites, une clarté qui charmait ses auditeurs ou ses lecteurs, et faisait comprendre les points les difficiles de ces sciences, même à ceux qui n’y étaient pas du tout initiés.

Il a toujours rendu pleine justiee à ses contemporains, même à ses contradicteurs les plus déclarés.

Les jeunes gens recevaient de lui le meilleur accueil, les plus grands encouragemens, l’abandon le plus généreux de ses collections ; source inépuisable de travaux utiles à la science. Aussi quels vifs regrets ceux qui étaient entrés depuis peu dans la carrière, comme ceux qui en avaient déjà parcouru, sous ses auspices, une partie importante, quel sentiment vif de reconnaissance et de vénération n’ont-ils pas montrés au moment de sa mort !

Il comptait parmi ses élèves la plupart des savans des deux mondes qui cultivent les sciences naturelles. Il y en a peu qui ne soient fiers de ce titre et qui n’aient