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profité d’une occasion de publication pour le reconnaître en la lui dédiant.

La maison de M. Cuvier était le rendez-vous des étrangers distingués par leur science ou leurs talens. Il les recevait dans ses salons, avec cette politesse franche, aisée, sans contrainte, caractère des mœurs françaises, qui égalise tous les rangs, pour laisser à l’esprit de conversation toute liberté de se mettre en évidence, et aux originalités piquantes, l’occasion de se faire valoir. Jamais il ne cherchait à y montrer la prééminence de son génie. C’était l’hôte cosmopolite, qui s’efforçait de faire croire aux savans de tous les pays qu’ils étaient dans un lieu consacré à leur confraternité.

Ce grand homme avait le moral aussi parfait, aussi élevé, que son intelligence était étendue. Son inépuisable charité, son désintéressement, les sacrifices sans nombre qu’il a faits pour la science, ont consumé annuellement presque tous ses revenus, au point que sa succession se réduit à bien peu de chose, à part son immense bibliothèque. Aurait-il aussi bien analysé les sources de la charité, de cet amour pur et désintéressé pour ses semblables, s’il n’en eut pas trouvé en lui-même le sentiment profondément enraciné par la pratique de toute sa vie ? Lisez les admirables pages qu’il a prononcées à l’Académie française sur le prix de vertu, fondé par M. de Montyon, et voyez comme son cœur inspire bien son esprit pour dévoiler la pensée du noble fondateur de ce prix, contre lequel la critique, qui n’épargne rien, avait aussi voulu s’élever.[1] « Tout nous


  1. Prix de vertu fondé par M. de Montyon : Discours prononcé par M. le baron Cuvier, directeur de l’Académie française, dans la séance publique de la Saint-Louis 1825, etc. ; Paris, 1825.