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tel est le champ magnétique. Un état de l’espace peut encore être caractérisé par des grandeurs dirigées qui ne sont pas vectorielles. Ces grandeurs dirigées peuvent, par exemple, avoir comme symétrie caractéristique celle du cylindre circulaire droit (tenseurs) ; tel est le cas d’une tension mécanique linéaire exerçant son action sur un corps solide. J’ai attiré l’attention sur ces distinctions nécessaires. Les noms de vecteur polaire, vecteur axial, tenseur sont dus à M. Voigt.

On peut envisager comme introduction aux théories de la Physique des théories très générales dans lesquelles la nature des phénomènes n’est pas précisée, mais où l’on spécifie la symétrie caractéristique des grandeurs dirigées données qui interviendront comme causes dans la production des phénomènes, et la symétrie caractéristique des grandeurs dirigées qui représenteront les effets produits. On pourra considérer de plus le cas où le milieu dans lequel agissent les causes est lui-même doué d’une certaine dissymétrie (cas de la matière cristallisée). Mallard, dans son Traité de Cristallographie physique, a déjà traité ainsi certaines questions, et récemment M. Voigt est résolument entré dans cette voie dans une étude sur les propriétés physiques des corps cristallisés. Une théorie ainsi généralisée peut ensuite servir à l’étude d’un grand nombre de phénomènes de nature différente, dans lesquels interviennent des grandeurs de symétrie semblable. Mais l’avantage principal d’une pareille théorie est de pouvoir distinguer, dans l’étude d’un phénomène particulier, quels sont les faits qui sont une conséquence nécessaire de la nature générale des phénomènes, quels sont ceux qui peuvent être considérés, au contraire, comme caractéristiques du phénomène étudié.

Recherches sur les propriétés magnétiques des corps à diverses températures.

(Comptes rendus de l’Académie des Sciences, t. CXV, 1892, p. 805 et p. 1292 ; t. CXIV, 1893, p. 136 ; t. CXVIII, 1894, p. 796, 859 et 1134. — Journal de Physique, 3e série, t. IV, 1895, p. 197 et 263. — Annales de Chimie et de Physique, 1895. — Thèse de la Faculté des Sciences de Paris.)

Les corps se divisent, au point de vue de leurs propriétés magnétiques, en trois groupes distincts : les corps diamagnétiques, les corps faiblement magnétiques, les corps ferro-magnétiques. À première vue, ces trois groupes sont absolument tranchés. Le but principal de ce travail était de rechercher s’il existe des transitions entre ces trois états de la matière et