Page:Notices sur M. le comte Chaptal, et discours prononcés sur sa tombe, le 1er août 1832.djvu/73

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honneurs que l’on rend aux hommes célèbres perpétuent leur mémoire, et semblent les perpétuer eux-mêmes, en leur formant pour l’avenir des imitateurs qui les font revivre avec une gloire nouvelle, et leur donnent cette espèce d’immortalité qui, pour les générations, est tout à la fois un lien d’union et un gage de prospérité.

Et quel homme fut jamais plus digne que Chaptal d’être proposé à l’imitation de ses jeunes contemporains ? Des bouches éloquentes, interprètes de la vérité, nous ont appris cette longue suite de succès qui ont marqué dans presque tous les genres les diverses périodes de sa carrière. Il avait toutes les qualités de l’esprit, comme il en avait tous les goûts. Né pour les lettres, pour l’éloquence, pour les affaires, pour l’administration, aussi bien qu’il était né pour les sciences, on l’a vu tour à tour professeur, écrivain, manufacturier, négociant, conseiller d’État, ministre, sénateur, pair de France ; partout nécessaire, dans les écoles, dans les académies, dans les entreprises industrielles, dans les conseils du souverain, dans les corps constitués et chargés de l’auguste dépôt des libertés publiques ; partout faisant tête au rôle qu’il embrassait ou qui lui était imposé ; partout supérieur à ses devoirs, et supérieur à ses dignités même. Que d’arts, que d’industries inconnues sont sortis de ses mains ! De quels produits nouveaux n’a-t-il point enrichi le commerce ? Et quelles ressources n’a-t-il point créées, en quelque sorte, de sa seule parole, pour assurer les triomphes de la France, et la fermer aux étrangers