Page:Notices sur M. le comte Chaptal, et discours prononcés sur sa tombe, le 1er août 1832.djvu/74

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armées pour la détruire ? L’homme prodigieux qui s’éleva du sein de la poussière pour grandir au milieu des batailles, pour étouffer les factions et pour apprendre à la France tout ce qu’elle peut faire lorsqu’elle n’est point divisée ; cet homme étonnant vint suivre les leçons de chimie que Chaptal faisait à l’École polytechnique. N’est-ce pas assez dire à quel point ces leçons étaient claires, substantielles, éloquentes ? N’est-ce pas assez dire quelle estime ce puissant génie faisait du professeur ; pourquoi il se l’associa plus tard dans les affaires les plus importantes et les plus délicates ; et comment, pour prix de ses services, il lui conféra les plus éminentes dignités ? L’instabilité des choses humaines fit qu’un moment ces dignités se retirèrent de Chaptal ; mais Chaptal leur manquait plus qu’elles ne manquaient à Chaptal, et, en les rappelant sur lui, la sagesse d’un roi de France leur rendit tout l’éclat qu’elles avaient perdu.

Tous ces faits appartiennent à l’histoire. Il est des monumens qui sont plus particulièrement l’œuvre de Chaptal, et qui recommandent plus directement sa mémoire à la postérité. Ce sont ceux de son cœur, ce sont ceux de son génie. La science n’oubliera jamais qu’elle lui doit sa Chimie appliquée aux arts, sa Chimie appliquée à l’agriculture ; un grand et beau travail sur l’industrie française ; un Traité sur la teinture en rouge d’Andrinople ; un Traité sur l’art de faire le vin, etc. : et le pauvre n’oubliera jamais qu’au milieu des embarras d’un grand ministère, Chaptal a pris soin d’organiser les hôpitaux, et de les rendre plus dignes