Plusieurs oublient cette condition et cherchent ce qui leur paraît agréable, sans considérer s’il est honnête.
Ce bien agréable, ils veulent le trouver dans ce qui flatte les sens par une habitude ordinairement contractée dès l’enfance. Avant l’âge de la raison, ils ont agi par l’instinct qui les poussait vers les biens sensibles et les engageait à fuir tout ce qui offensait leurs sens. Cette habitude de chercher uniquement l’agréable a persévéré, et, parvenus à l’âge viril, ils ne peuvent dire avec saint Paul : « Quand j’étais enfant, je parlais comme un enfant ; j’avais des sentiments, des pensées d’enfant ; mais lorsque je suis devenu homme, je me suis dépouillé de ce qui était de l’enfance. » Plusieurs conservent leurs manières enfantines, ne s’amusant plus à des jeux, mais à des choses qui ne valent pas davantage, puisqu’ils n’y cherchent qu’un plaisir sensuel.
Quelques-uns osent affronter ce qui est pénible à la nature pour acquérir le bien qui leur paraît utile.
Les commerçants raisonnent ainsi :
Tout ce qui peut augmenter ma fortune est bon ;
Or, le voyage aux Indes, tout pénible qu’il est, peut augmenter ma fortune ;
Donc ce voyage est bon.
Les militaires se disent :