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Page:Notre France - Coubertin.djvu/139

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louis xviii et charles x

superposait son action occulte. Quant aux révolutionnaires, ils se ralliaient autour d’une légende, celle de Napoléon libéral. Le martyre du grand proscrit, en l’auréolant, avait sans doute rendu possible une si audacieuse mystification. Napoléon devenait maintenant l’homme de la Paix et de la Liberté. C’était l’Europe qui l’avait empêché d’en établir le règne. Cette légende joua un rôle considérable dans l’évolution de la mentalité française pendant la période de la monarchie constitutionnelle et elle prépara les voies aux entreprises ultérieures de Louis-Napoléon.

Pour bien se rendre compte du caractère réparateur des neuf années du règne de Louis xviii (1815-1824) il faut s’arrêter aux premières années de celui de Charles x (1824-1830). La monarchie apparaît singulièrement solide. Son principe n’est plus en cause ; la personne du roi domine les partis (voir les lettres du général Foy). La stabilité ministérielle a dépassé toute attente[1]. L’intervention de 1823 en Espagne a démenti les prévisions pessimistes ; elle a mis en relief les réelles qualités du duc d’Angoulême et redonné confiance à l’armée. D’ailleurs, si la prise du Trocadéro qui en a été le principal fait d’armes rappelle une entreprise dirigée contre les doctrines libérales, voici venir Navarin (20 octobre 1827) où le drapeau blanc s’illustre en émancipant la Grèce. Aussi la popularité de Charles x va-t-elle croissant, facilitée par l’aspect du roi, son charme personnel, son esprit d’à-propos. Des lois imprudentes ont été votées,

  1. Le ministère présidé par le comte de Villèle, dura sept ans ; faible politiquement, il fut remarquable au point de vue de l’administration financière et de la prospérité matérielle.