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louis xviii et charles x

me d’une éventualité prochaine et fatale. Les libéraux s’organisent en vue de cette révolution imaginaire. En réalité, Polignac se préoccupe surtout de la politique extérieure et il le fait avec intelligence et habileté, mais l’opinion ignore ses efforts. Ce qui se prépare dans la coulisse, c’est la révision des traités de 1815. Une alliance franco-russe se dessine ; on commence à concevoir en Europe l’impossibilité de maintenir la Belgique sous le joug néerlandais et l’on s’habitue à l’idée de la voir annexée à la France.

C’est le roi qui déclenche l’inutile et funeste conflit. Au début de 1830, il impose sa volonté de dissoudre la Chambre au cabinet qui n’est point d’accord. Le pays réélit les opposants mais sans passion. Guizot a pu écrire que sur les 425 membres de la nouvelle Chambre il n’y en avait pas cinquante qui désirassent un changement de dynastie[1].

Le 26 juillet 1830 les fameuses « Ordonnances » paraissent au Moniteur[2]. Elles sont illégales sinon dans la lettre du moins dans l’esprit, mais ne constituent ni un attentat ni une trahison. L’état du siège n’est pas proclamé ; aucu-

  1. Ce n’était pas faute d’entendre parler de la révolution anglaise de 1688. Plus d’un écrivain — et Thiers principalement — l’avaient depuis des années proposée en exemple à l’opinion française, mais sans succès. Thiers lui-même avait fini par renoncer à ses espérances et abandonnant la partie songeait à aller faire en Amérique un long voyage d’études, lorsque l’avènement du ministère Polignac l’incite à rester. L’occasion qu’il espérait allait enfin surgir.
  2. Les Ordonnances prononcaient la dissolution de la Chambre et convoquaient les électeurs pour de nouvelles élections, restreignaient la liberté de la presse, rapportaient les modifications libérales apportées à la loi depuis 1814, enfin faisaient rentrer au Conseil d’État les membres qui en avaient été éloignés depuis deux ans.