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les siècles celtiques

ché aux Gaulois leur amour des nouveautés : « cupidi rerum novarum ». Diodore de Sicile observe qu’ils « emploient beaucoup l’hyperbole soit pour se vanter eux-mêmes, soit pour abaisser les autres ». Dans la famille celte, les femmes étaient « libres du choix de leur époux ». Elles apportaient une dot et le mari devait « prendre sur son bien une valeur égale ». Ces traits accusent un type qui, d’une part, ressemble beaucoup plus au Français d’aujourd’hui qu’au Français du moyen âge[1] et qui, par ailleurs, diffère assez sensiblement des autres types contemporains. Les particularités s’en accentuent encore si l’on se place aux points de vue gouvernemental et religieux. L’agitation politique a secoué fréquemment les États gaulois ; tantôt des royautés populaires surgissaient pour s’user rapidement, tantôt la domination plus durable des Sénats maintenait le pouvoir aux mains d’oligarchies ombrageuses, tantôt enfin de grands mouvements démocratiques liguaient ensemble les classes laborieuses pour une revendication de leurs droits méconnus ou lésés. Ceci rappelle un peu l’Hellade. La religion semblerait accuser une empreinte différente. Pour trouver une caste sacerdotale aussi fortement organisée que celle des druides, il eût fallu la chercher en Égypte ou en Chaldée. « Il n’y avait à ce moment rien de semblable dans le monde grec ou romain ». Le druidisme pourtant fut un pur produit celte et ne franchit pas les limites des territoires oc-

  1. De tels phénomènes de régression ataviques se manifestent volontiers dans l’histoire ethnique ; ils sont en général le propre des races fortes. César, en parlant des Gaulois, disait précisément : puissante race mais faible société.