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années ont passé et l’on a continué de « prendre en considération » toutes sortes de productions de l’ingéniosité parlementaire dans lesquelles le souci de la vanité ou de l’intérêt personnels l’emporte trop souvent sur celui du bien public.

La Chambre compte dans son histnire quelques séances fâcheuses : celles, par exemple, où Jules Ferry en 1885, Th. Delcassé, vingt ans plus tard, en 1905, furent renversés par une majorité ayant perdu tout contrôle de soi-même ; celles encore où, pendant la guerre de Tunisie, en 1881, les députés semblèrent oublier la dignité nationale en s’associant aux lazzi d’une presse sans pudeur. Mais à côté de ces défaillances, combien de belles et grandes séances jusqu’à celle du 4 août 1914 qui restera une des gloires de l’histoire parlementaire. Il faut citer entre autres cette journée de décembre 1893 où au Palais-Bourbon une bombe anarchiste ayant soudainement éclaté, causant des blessures et emplissent la salle de fumée, Ch. Dupuy qui présidait prononça simplement ces paroles fameuses : « Messieurs, la séance continue… » Et tous demeurèrent à leur place[1].

L’éloquence qui avec Berryer, Lamartine et tant d’autres, illustre la tribune française pendant la première moitié du xixe siècle a brillé de nouveau sous la République. Entre Albert de Mun et Jaurès si éloignés d’idées, si proches par le talent une pléïades de grands orateurs a suivi les traces de Gambetta. Leur parole enflammée ou concise leur a valu de nombreux triomphes. Des discussions entières — celles,

  1. La plupart des parlements étrangers adressèrent à la Chambre et à son président, l’expression de leur admiration.