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les siècles français

enfin (1715-1774) l’ébranla et la ruina. Cette période avait été préparée et en quelque sorte rendue fatale par ce qui l’avait précédé. Néanmoins, en étudiant le règne d’Henri iv, on aperçoit que la mort prématurée de ce prince abattu par le poignard d’un fanatique, apporta aux destinées du pays une modification radicale. Il y a là comme un tournant décisif de l’histoire de France. Quinze années de plus eussent sans doute suffi au roi pour réorienter de façon définitive le pays dans cette voie du progrès, du libéralisme et de l’union où il avait su l’engager. Digne successeur des grands Capétiens comme aussi du sage Charles v, il se révèle tout entier dans le discours qu’il tint à Rouen, lors d’une assemblée de notables, invitant ses sujets à « participer avec lui » à l’œuvre de paix comme ils l’avaient fait à l’œuvre de guerre. Car, nul ne sut mieux que lui faire alterner l’épée et la charrue, la prudente économie et la dépense opportune, la concentration et l’expansion. La mort d’Henri iv apparaît ainsi comme une rupture irréparable dans l’application d’une politique qui, à la différence de celle de Louis xiv, « n’eût jamais lassé l’Europe ni épuisé la France ».

Les États Généraux qui s’assemblèrent en 1614 sous la régence de Marie de Médicis firent éclater encore une fois la valeur du Tiers État « si patriote, si dévoué au roi, d’une éducation politique déjà si avancée ». (Rambaud). Mais, jamais la noblesse ne lui avait témoigné pareille hostilité et pareil mépris. Les seigneurs déclaraient insolemment « qu’il y avait autant de différence entre eux et le Tiers qu’entre maître et valet ». Ce fut la dernière réunion des États Généraux avant 1789.