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naître la tragédie grecque, créèrent l’opéra. Autour de lui étaient ses plus illustres commensaux. Il y avait Vincent Galilée le premier musicien qui substitua le style monodique aux formes savantes de l’école de Palestrina ; le poète Rinuccini qui écrivit le premier livret d’opéra, et les compositeurs Péri et Caccini qui le mirent en musique. Enfin, tout à côté, mais faisant bande à part : Dante et Palestrina. — Excusez du peu !

Tous ces grands hommes parlaient de Lohengrin.

— Savez-vous que c’est très beau ! disait le Comte Bardi,

— Oui, répondit Péri, c’est précisément ce que nous aurions fait, si cela eût été possible au point où la musique en était de notre temps.

— Et si au lieu de vouloir imiter les Grecs, fit Dante, vous vous étiez contentés de suivre leur exemple ; si au lieu d’aller demander vos sujets à une poésie morte depuis longtemps, vous eussiez, comme moi et comme Wagner, puisé aux sources encore vivantes autour de vous !

— Et si vous n’aviez pas eu un aussi grand dédain pour mon école, ajouta Palestrina. Wagner n’a pas fait fi de mes œuvres, lui : cela se voit bien dans les divines harmonies du Graal !

— Certes, répondit Vincent Galilée, pour que notre rêve se réalisât, la polyphonie devait s’introduire dans l’opéra. Mais pour que ce fût possible, il fallait que du chœur, dont pour vous elle était inséparable, elle passât à l’orchestre, et que là elle reçût du rhythme de la danse, l’impulsion qui devait la rendre capable de servir de base à l’action dramatique elle-même. Pour accomplir une transformation semblable il n’a fallu rien moins que le génie