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LA PETITE BARONNE



Un soir du mois dernier, à l’heure du dîner, je rencontrai, sur le boulevard des Italiens, mon ami Raoul : poignée de main, banalités d’usage !

« — Comment va la baronne ? lui dis-je.

— La petite baronne ? Je n’en jsais rien. Ce n’est plus à moi qu’il faut demander de ses nouvelles.

— Comment donc ?

— Je l’ai vue hier pour la dernière fois. Ouf !

— Bah ! est-ce sérieux ?

— Très sérieux.

— Et le motif ?

— Le motif ? parbleu, il est bien simple, elle commençait à m’ennuyer, à m’agacer, à m’exaspérer.

— Fat !

— Fat, tant que tu voudras ! mais qu’est-ce tu veux ? Si tu savais ce que c’est qu’un amour qu’on ne partage plus ; je ne connais pas de pire supplice. Et quel amour que le sien, bon Dieu ! Encore si cette femme se contentait de vous aimer, mais pas du tout : elle vous adore, elle