Page:Nouveau - Poésies d’Humilis et vers inédits, 1924.djvu/164

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et pénétrai jusqu’à la chambre à coucher, au grand ébahissement de deux domestiques qui, en l’absence de la maîtresse, causaient et riaient très haut, en s’étirant dans les fauteuils…

Je mis un louis dans la main de la fille de chambre.

— « Où Madame est-elle allée ?

— Elle a dit : Gare de Lyon ! Je n’en sais pas plus long. »

Je compris qu’il était inutile d’insister : il n’y avait pas de temps à perdre ; après avoir fait quelques préparatifs en grande hâte, je volai vers Lyon.

Je m’étais pris subitement d’une telle fièvre, d’un tel désir de la revoir, que, malgré les loisirs du wagon, je ne pensais pas à analyser ce qui se passait en moi. Etait-ce regret, était-ce dépit, était-ce autre chose ? Je ne le savais pas, je ne voulais pas le savoir. Je voulais la revoir, voilà tout.

A Lyon, je parcourus toute la ville, j’entrai dans tous les hôtels. Pas de baronne !

Je me rappelai qu’elle avait, à Grenoble, des parents dont elle parlait quelquefois ; je pris le train de Grenoble.

A Grenoble, personne encore. Alors je me mis à faire le tour de la France, allant, courant, tournant sous le fouet de ce désir implacable, que je commençai cependant à m’expliquer. J’allai à