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LE MISTRAL[1]



Soufflez, mistral ; rafraîchissez le monde ;
Des feuilles qui s’en vont en ronde
Activez le départ sur les fronts de quinze ans
Faites danser les boucles folles,
Enlevez des jeunes épaules
Les châles noirs, les fichus blancs,
Et des vieilles aux doigts tremblants.
Rasant les murs pour se défendre,
Embrouillez l’écheveau, défaites le travail
Que ce soit à n’y rien comprendre.
Soufflez, que l’on ne puisse entendre
Les commères sous le portail.

Dans l’église calme et voilée,
Contre les vitraux sans couleur.
Battez cette marche affolée
De la force et de la terreur :
Que l’édifice en ses entrailles
S’en émeuve et semble frémir,
Et comme les coups des batailles.
Ébranlez ses vieilles murailles.
Puis tout à coup… semblez dormir.

  1. Vent violent en Provence.