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Page:Nouveau - Poésies d’Humilis et vers inédits, 1924.djvu/170

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Alors le desservant, ouvrant son bréviaire,
Et comme reposé, meilleur en sa prière,
Attentif, lit son oraison ;
Mais au dernier verset du psaume,
Le Mistral a fini son somme
Et tout furieux lui répond.
Oui, répétez votre fanfare,
Qu’elle éclate dans le saint lieu,
Montez votre gamme barbare,
Organiste puissant et rare
De la chapelle du bon Dieu ;
N’êtes-vous pas une prière
Et ne semblez-vous pas supplier le Seigneur,
Avec de longs sanglots, de regarder la terre,
Et de se souvenir de notre affreux malheur ?
Vent qui pleurez ainsi, pourquoi votre tristesse ?
La sentez-vous monter du fond de notre cœur,
Pouvez-vous, mieux que nous, crier notre douleur,
Appelez-vous au loin, pour nos bras en détresse,
L’appui d’un bras fort et vengeur ?…
Qui vous apprit ainsi le secret de nos peines,
Que vous les formulez avec des voix humaines ?
Vous geignez, gémissez, râlez comme un mourant,
Hurlez dans la fureur d’une rage insensée,
Tremblez comme une aile blessée ;
Puis soudain mugissez en un souille puissant,
Souffle prodigieux qui vous fait reconnaître,
Qui courbe tout où vous passez.
Tout l’escadron de l’air dont vous êtes le maître