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SAVOIR AIMER

Voyez dans le nuage blanc
Qui traverse là-haut les solitudes bleues
Par-dessus les balcons d’où l’on voit les banlieues,
Voyez monter la flèche au coq étincelant
Qui, toute frémissante et toujours plus fluette,
Défiant parfois les regards trop lents,
Va droit au ciel se perdre ainsi que l’alouette.
Ceux-là qui dressèrent la tour
Avec ses quatre rangs d’ouïes
Qui versent la rumeur des cloches éblouies,
Ceux qui firent la porte avec les saints autour,
Ceux qui bâtirent la muraille,
Ceux qui surent ployer les bras des arcs-boutants
Dont la solidité se raille
Des gifles de l’éclair et des greffes du temps ;
Tous ceux dont les doigts ciselèrent
Les grands portails du temple et ceux qui révélèrent,
Les traits mystérieux du Christ et des Élus,
Que le siècle va voir et qu’il ne comprend plus,
Ceux qui semèrent de fleurs vives
Le vitrail tout en flamme au cadre des ogives,
Ces royaux ouvriers et ces divins sculpteurs
Qui suspendaient au ciel l’abside solennelle,
Dont les ciseaux pieux criaient dans les hauteurs,
N’ont point gravé leur nom sur la pierre éternelle,
Vous les avez couverts, poudre des parchemins !
Vous seules, les savez, vierges aux longues mains !

Vous, dont les Jésus rient dans leurs barcelonnettes,
Artistes d’autrefois, où vous reposez-vous ?
Sous quelle tombe où l’on prie à genoux ?
Et vous, doigts qui semiez