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SAVOIR AIMER


Comptent les longs soupirs dont tremble un écho chaste,
Et voient les larmes d’or où l’âme se répand,
Sous l’œil d’un Christ qui semble en son calvaire vaste
Un grand oiseau blessé, dont l’aile lasse, pend.
Ah, bienheureux le cœur qui, dans les sanctuaires
Près des cierges fleuris qu’allument les prières
Souvent dans l’encens bleu vers le Seigneur monta,
Et qui, dans les parfums mystiques, écouta
Ce que disent les croix, les clous et les suaires,
Et ce que dit la paix du confessionnal,
Oreille de l’amour que l’homme connaît mal.

Avec sa grille étroite et son ombre sévère,
Ô sages, qui parliez autour du Parthénon,
Le confessionnal, c’est la maison de verre
À qui Socrate rêve et qui manque à Zénon !
Grandes ombres du Styx, me répondrez-vous : non ?

Ce que disent les cathédrales !
Soit qu’un baptême y jase au bord des eaux lustrales,
Soit qu’un peuple autour d’un cercueil,
Un orgue aux ondes sépulcrales
Y verse un vin funèbre et l’ivresse du deuil,
Soit que la foule autour des tables
S’y presse aux repas délectables,
Soit qu’un prêtre chaussé de blanc
Y rayonne au fond de sa chaise,
Soit que la chaire y tonne ou soit qu’elle se taise,
Heureux le cœur qui l’écoute en tremblant,
Heureux celui qui vous écoute,
Vagues frémissements des ailes sous la voûte !