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Page:Nouveau - Savoir aimer, 1904.djvu/50

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LES TEMPLES


Comme une clé qui luit dans un trousseau vermeil
Quand un rayon plus rouge aux doigts d’or du soleil
A clos la porte obscure, au seuil de chaque église,
Quand le vitrail palpite au vol de l’heure grise,
Quand le parvis plein d’ombre éteint toutes ses voix
Ô cathédrales, je vous vois
Semblables au navire émergeant de l’eau brune !
Et vos clochetons fins sont des mâts sous la lune.
D’invisibles ris sont largués,
Une vigie est sur la hune,
Car, immobiles, vous voguez.
Car c’est en vous que je vois l’arche
Qui sur l’ordre de Dieu, vers Dieu s’est mise en marche.
La race de Noé gronde encore dans vos flancs,
Vous êtes le vaisseau des immortels élans
Et vous bravez tous les désastres.
Car le maître est Celui qui gouverne les astres,
Le pilote, celui qui marche sur les eaux…
Laissez autour de vous pousser aux noirs oiseaux
Leur croassement de sinistre augure ;
Allez, vous êtes la figure
Vivante de l’humanité,
Et le voile du Christ a l’immense envergure
Mène au port de l’éternité.