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SAVOIR AIMER


Qu’elle est comme le chêne en qui la sève bout
Jusqu’à rompre l’écorce,
Et qu’elle est dans l’orage, indomptable et debout,
L’autre nom de la force ;

Que sa mamelle est vaste et pleine d’un bon lait
Et que le mal recule
Comme une feuille au vent de son geste, et qu’elle est
La compagne d’Hercule,

Et je vous dis : ô vous, qui comme elle, régnez
Ô Vierge catholique !
Les saints joyeux sont morts, nos temps sont condamnés
Au mal mélancolique,

La joie et la vertu se sont voilé le front,
Ces sœurs sont exilées,
Et je ne vois pas ceux qui les rappelleront
Avec des voix ailées !

Ô Vierge ! Hâtez-vous ! Déjà l’ange s’enfuit
Sous le ciel noir qui gronde,
Et le monde déjà s’enfonce dans la nuit
Comme un noyé dans l’onde !

Tout ce qui fleurissait et parfumait l’été,
De la vie et de l’âme,
L’amour loyal de l’homme et la fidélité
Pieuse de la femme,

Ces choses ne sont plus ; l’haleine des antans
A balayé ces roses
Et l’homme a changé l’homme, et les gens de nos temps
Sont repus et moroses ;