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SAVOIR AIMER


Le vrai pauvre qui se délabre
Lustre à lustre, été par été,
C’était ce règne et non saint Labre
Qui lui faisait la charité
De ses vertus spirituelles,
De ses bontés habituelles,
Léger guérisseur d’écrouelles,
Front penché sur chaque indigent,
Fière statue enchanteresse
De l’autorité que Dieu dresse
Au bout du siècle de l’ivresse,
Au seuil du siècle de l’argent.

Je sais que notre temps dédaigne
Les coquilles de son chapeau
Et qu’un lâche étonnement règne
Devant les ombres de sa peau ;
L’âme en est-elle atténuée ?
Et qu’importe au ciel sa nuée
Qu’importe au miroir sa buée,
Si Dieu splendide aime à s’y voir ?
La gangue au diamant s’allie
Toi, tu peins ta lèvre pâlie,
Luxure, et toi, vertu salie,
C’est là ton fard, mystique et noir.

Qu’importe l’orgueil qui s’effare
Ses pudeurs, ses rébellions ?
Vous, qu’une main superbe égare
Dans la crinière des lions,
Comme elle égare aux plis des voiles,
Où la nuit a tendu ses toiles,
Aldébaran et les étoiles,