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L’HUMILITÉ


Frères des astres, vous, les poux
Qu’il laissait paître sur sa tête,
Bon pour vous, et dur pour sa bête,
Dites, par la voix du poète,
À quel point ce pauvre était doux !

Ah ! quand le Juste est mort, tout change :
Rome, au saint mur, prend son haillon
Et Dieu veut par des mains d’Archange
Vêtir son corps d’un grand rayon ;
Le soleil le prend sous son aile,
La lune rit dans sa prunelle,
La grâce, comme une eau ruisselle
Sur son buste et ses bras nerveux ;
Et le saint dans l’apothéose
Du ciel ouvert comme une rose,
Plane, et montre à l’enfer morose
Des étoiles dans ses cheveux.

Beau paysan, ange d’Amette,
Ayant aujourd’hui pour trépieds
La lune au ciel, et la comète
Et tous les soleils sous vos pieds,
Couvert d’odeurs délicieuses,
Vous, qui dormiez sous les yeuses,
Vous, que l’Église aux mains pieuses
Peint sur l’autel et le guidon,
Priez pour nos âmes, ces gouges
Et pour que nos cœurs las des bouges
Lavent leurs péchés noirs et rouges
Dans les piscines du pardon.