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Page:Nouveau manuel complet du boulanger du négociant en grains du meunier et du constructeur de moulins.djvu/44

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PREMIÈRE PARTIE.

que l’acte de la germination ait lieu. Les alcalis, les acides, les oxydes et quelques sels métalliques agissent sur la carie en désorganisant ces plantules. Le sous-acétate de cuivre, à très-petite dose, agit efficacement. Mais presque tous ces divers moyens sont trop coûteux pour être mis en usage dans toutes les localités. Il n’en est pas de même de la suie, dont les bons effets sont bien reconnus, lorsqu’elle n’est pas recuite.

D’après tout ce que nous avons exposé, il est aisé de voir combien il importe à l’agriculteur de semer des blés exempts de carie et même d’employer des moyens propres à détruire la petite quantité qui peut se trouver dans les blés. C’est pour cela que les moyens précités ont été mis en usage ou proposés. Mais il en est un autre très-avantageux, que son bas prix met à la portée de tout le monde : c’est l'oxyde de calcium ou chaux, c’est de l’emploi de cet oxyde que cette préparation du blé a pris le nom de chaulage. C’est à Tessier qu’on doit les expériences les plus concluantes qui ont été tentées à cet effet. D’après cet habile professeur, la chaux agit sur la carie en désorganisant ses globules ; on pratique cette opération de quatre manières : par aspersion, par immersion, par précipitation, ou par la chaux sèche.

Le chaulage par aspersion consiste à verser sur le blé en tas, de la crème de chaux ou de la chaux délayée dans l’eau ; à bien remuer le blé avec la pelle et à le laisser ainsi jusqu’à ce qu’il s’échauffe, c’est-à-dire depuis deux jusqu’à huit jours, Quelques agriculteurs le font sécher avant de le semer. Nous trouvons cette méthode vicieuse, 1° attendu que la chaux qui se dégage, lorsqu’on le projette pour le semer, incommode beaucoup l’ouvrier ; 2° c’est que le blé humide lève bien plus vite. Cette manière, qui est la plus usitée, n’est pas la meilleure, attendu qu’un grand nombre de grains échappent au chaulage.

Le chaulage par immersion. Cette manière s’opère en plongeant plusieurs fois dans des cuves pleines de lait de chaux, des corbeilles à moitié pleines de blé, et en remuant le blé, afin qu’il en soit bien pénétré. Ce moyen est préférable au premier ; il offre de plus l’avantage de séparer une partie du blé carié, qui vient surnager la liqueur.

Le chaulage par précipitation. Cette pratique diffère de la précédente en ce que l’on verse le blé, par petites parties, dans le lait de chaux, où il séjourne au moins vingt-quatre heures. Cette méthode est moins suivie, quoique Bosc et Tessier la regardent comme préférable. Je ne partage point leur opinion ; j’ai reconnu que du blé en immersion dans du lait de chaux pendant vingt-quatre heures, perdait beau-