Page:Nouvelle Encyclopédie poétique, tome XVIII, 1819.djvu/100

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De te presser à mon tremblant corsage, 15
Et m’esgarer, pour trop bien le sentir,
Qu’il n’est qu’à deulx d’espuyzer le playzir ;
Playzir ne l’est qu’autant qu’on le partage !

Oh ! toutesfois, de ce triste rivage
S’alloiz partant, emportoit le zéphir[1] 20
Mes longs regretz ; et ce précieulx gage
De tant d’ardeurs, ne les souloit blandir :[2]
Maiz, grâce à luy, plus ne sçauroy languir ;
Lors qu’en mes bras serreray ton ymage,
Entre les tienz me cuyderay tollir :[3] 25
Ung tiers si doulx ne faict tort au playzir :
Playzir ne l’est qu’autant qu’on le partage !


ENVOY.


Gentil espoulx, si Mars et ton courage
Plus contraignoient ta Clotilde à gesmir,
De luy monstrer, en son petiot langage, 30
A t’appeler feray tout mon playzir :
Playzir ne l’est qu’autant qu’on le partage !


Clotilde de Surville.
  1. Vers 20. Il semble qu’il manque ici un mot, tel qu’autrefois, auparavant, pour rendre un sens complet, tel que celui-ci : Or, avant la naissance de ce fils, si tu partais de ce triste rivage, le zéphir emportait, etc.
  2. Vers 22. N’avait pas coutume de les apaiser. (Blandir, du latin blandiri). Souloir a ici le même sens que dans l’épitaphe de La Fontaine :

    Deux parts en fit,’dont il soulait passer.

  3. Vers 25. Je me croirais enlevée entre les tiens. ( Cuider, croire ; tollir, de tollere.)