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BALLADES.

A MON ESPOULX,

lors, quand tornoit emprez un an d’absence, miz en ses braz nostre fils enfançon[1].


Aux premiers jours du printemps de mon âge
Me pavanoy, sans craincte et sans dezir,
Rozes et lyz issoient sur mon vizage ;[2]
Tous de mirer, et nul de les cœillir :
Maiz quand l’autheur de mon premier souspir 5
Les fust livrant au plus tendre ravage,
Lors m’escriay, me sentant frémoliir :[3]
« Faut estre deulx pour avoir du playzir ;
» Playzir ne l’est qu’autant qu’on le partage ! »

Tousjours despuyz, caressant le servage 10
Que par tes yeulx l’amour m’a faict subir,[4]
Se ne te voy, me seroit affolage
Joye espérer, fors de ton soubvenir :
Maiz se reviens, soudain de tressaillir,

  1. Lorsqu’à son retour, après un an d’absence, je mis notre enfant dans ses bras. C’est pendant cette absence que Clotilde fit la romance que nous avons placée au Tome XIV, page 87.
  2. Vers 3. et 4. Issoient, naissaient. — Tous de garder.
  3. Vers 7. Frémoliir est un verbe que nous ne connaissons pas : sa signification dans cet endroit est facile à deviner.
  4. Vers 12, 13 et 14. Ce serait folie que d’espérer de la joie hors de ton souvenir. — Mais si tu reviens.