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HENRI DE KLEIST

froide et indifférente qui trompe les yeux de ses ennemis ; par ce mélange de finesse et de résolntion nécessaire pour le mener à son but. Il rapelle un peu le Fiesco de Schiller, sans avoir ponrtant heauconp à souffrir du rapprochement. Mais une tache vériuffile qui existe dans cet ouvrage, c’est la scène affreuse où la femme de Herrmann livre Ventidius à un ours affamé. Et l’auteur a eu encore la maladresse de dépeindre, comme à plaisir, cette scène dans tous ses deuils.

Kloptock a choisi aussi Herrmann pour sujet d’une tragédie. La pièce de l’auteur de la Messiade est sans doute pins remarquable par le ton lyrique qui y domine ; celle de Kleist l’emporte par la peinture des caractères et l’arrangement des scènes.

Kleist a encore écrit deux comédies ; l’Amphitryon, pâle et froide imitation de celui de Molière, et dont nous nous épargnerons de faire l’examen ; et lu Cruche cassée, jolie pièce, un peu longue peut-être, mais pleine de verve, de gaieté, et de cette sorte de caractère dont on ne peut bien donner l’idée que par le mot Humour des Allais. Le juge, qui joue ici le principal rôle, est bien aussi amusant que le Perrin Dandin de Racine ; mais c’est un homme d’une autre espèce, car il voudrait pour beaucoup se dispenser de juger, surtout en présence du conseiller de justice, qui est là pour suivre les débats, et dans une cause qui ne laisse pas que d’être assez épineuse pour lui. Et la manière dont il interpelle la partie plaignante, et l’accusé, chaque fois qu’il se sent en danger d’être compromis, et son état d’anxiété pendant l’audience, et la fin de la pièce, où l’on découvre qu’il est dans cette affaire l’unique coupable, tout cela est d’un très-bon comique et ne peut manquer d’obtenir beaucoup de suffrages. Cette pièce, au moyen de quelques coupures, a été représentée, et toujours à la grande satisfaction du public.

De Robert Guiscard, entrepris quatre fois, il ne nous