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Page:Nouvelle revue germanique, tome 14, 1833.djvu/353

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DES FRAGMENS DE NOVALIS.


Les maladies distinguent l’homme des animaux et des plantes. L’homme est né pour souffrir ; et plus il se trouve dénué de secours, plus il est accessible aux idées de religion et de morale.

Les maladies, surtout celles de longue durée, sont autant de leçons dans l’art de vivre et de former un caractère : on doit pour se les rendre utiles y faire des remarques journalières. La vie de l’homme instruit ne doit-elle pas provoquer sans cesse le désir d’apprendre ? L’homme d’étude vit pour l’avenir ; son existence est un combat ; son but est l’art et la science. Plus on apprend, plus on s’ennoblit. La trop vive précipitation, les petits efforts de l’esprit, se changent en une large, puissante et majestueuse activité, et la patience, cette belle vertu, nous vient alors.


Chaque tourment de notre nature est un souvenir d’une patrie plus heureuse, d’une nature plus élevée, mais parente de celle-ci.


L’âme est de tous les poisons le plus actif et le plus puissant dans toutes les maladies inflammables. L’action de l’âme est ce qu’il y a de plus dangereux.


Ne pourrait-on pas opérer la cure des maladies par des maladies ?


Il n’y a qu’un temple dans le monde, et c’est le corps humain. Rien n’est plus sacré. Toucher ce temple, c’est toucher le ciel.


L’homme est un soleil, et ses sens sont les planètes.


La main doit être pour le peintre le siège d’un instinct, comme le pied pour le danseur et le visage pour l’acteur.