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PENSÉES TRADUITES

la définir. Celui qui ne sent pas ce que c’est que la poésie, ne peut en prendre aucune idée. La poésie est la poésie ; c’est tout-à-fait différent de l’art d’écrire et de parler.


La poésie est le héros de la philosophie. La philosophie nous apprend à connaître la valeur de la poésie, et lui sert de théorie.


La séparation du philosophe et du poète n’est qu’apparente, et ne pourrait être que pernicieuse à tous les deux : c’est un signe de maladie et d’une mauvaise constitution.


Le drame est la réflexion active de l’homme sur lui-même.


La poésie lyrique est le chœur dramatique de la vie et du monde. Les poètes lyriques forment un chœur composé de jeunesse, de vieillesse, de joie, de pitié, de sagesse.


Le plastique, la poésie et la musique se tiennent comme l’épopée, l’ode et le drame.


Un prince qui comprend bien sa destinée est l’artiste des artistes, c’est-à-dire le directeur des artistes. Sa volonté remplace le ciseau : il élève, soutient et enseigne l’artiste ; il prend les choses dans leur ensemble, et voit d’un seul coup d’œil la grande idée, qui ne peut être mise à exécution que par plusieurs talens réunis.


Un temps viendra, et ce temps-là n’est pas éloigné, où l’on sera pleinement convaincu que pas un roi ne peut exister sans république, et pas une république sans roi ; que tous deux sont aussi inséparables que l’âme et le corps. Ainsi d’une véritable république proviendrait un bon roi, et d’un bon roi une véritable république. Le roi sera la république et la république sera le roi.