Page:Nouvelle revue germanique, tome 9, 1831.djvu/163

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de la terre pour saluer l’aube matinale. Des troupes d’hommes entourent un grand feu qui réchauffe la mère avec son enfant engourdi, tandis que les chevaux annoncent le jour par leurs hennissemens, que la musique guerrière remplit la forêt, et que les armes éblouissantes retentissent au loin. ― Mais brisons là, on ne raconte pas la vie des camps.

Vois-tu ma guérilla qui se rallie autour de son chef ? Explique-moi donc pourquoi les plus vieux et les plus fiers ont de la déférence pour moi qui suis si jeune ? Les cœurs s’épanouissent ; chacun raconte ses plaisirs et ses peines ; parfois je succombe à l’excès de ma compassion. Alors je déroule un meilleur avenir, et l’espérance se peint dans tous les yeux ; la liberté vous tend les bras.

Tous pour chacun, et chacun pour tous. Ces mots produisent un effet magique sur mes guerriers, ils les respectent comme la parole du Très-Haut. Ô Diotima, l’homme sans culture, mu par l’espérance qui déride son front et dilate son cœur, m’intéresse plus que les cieux et la terre dans toute leur gloire, dans toute leur majesté.

Je fais manœuvrer mes soldats jusqu’à midi. La confiance les rend habiles et me donne le talent de les instruire. Tantôt s’avançant en colonnes serrées comme la phalange macédonienne, ils ne remuent que le bras ; tantôt plus prompts que l’éclair, ils s’agitent en tout sens, quittent leurs rangs, se séparent par bandes en simulant des mêlées où les périls sont plus certains, où la valeur personnelle décide du succès, où chacun ne reçoit des ordres que de lui-même. Soudain ils se rallient, et partout ils maudissent leurs tyrans, partout ils appellent l’heure du combat.

Plus tard nous échappons aux ardeurs du soleil, en nous retirant au fond de la forêt. C’est l’heure du conseil. Nous tentons d’y soulever le voile qui couvre l’avenir. Nous n’abandonnons rien au hasard, nous maîtrisons le sort. Nous créons des résistances à volonté, et nous supposons à nos