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Page:Nouvelles de Batacchi, (édition Liseux) 1880-1882.djvu/119

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LE FAUX SÉRAPHIN


» À la fontaine qui n’est pas loin de l’auberge
» But un jour Saint Pellegrino altéré ;
» Puis, quittant le chemin aisé et plat,
» Vers ces hauteurs il dirigea ses pas ;
» C’est ici qu’il fit pénitence, et peu de temps après,
» Dans un chêne on le trouva mort.

» Mais cette fontaine lui était si chère,
» Qu’à son eau, où il avait étanché une soif ardente,
» Du haut du ciel il a donné la propriété
» De guérir du mal d’yeux instantanément.
» Il suffit de se les en baigner dans la matinée,
» Quand le soleil s’apprête à poindre au haut de la montagne.

» Dans l’auberge, qui est auprès de la fontaine,
» Où le Saint prit un instant de repos,
» Il préserve de l’obsession des mauvais esprits,
» Il fait devenir le pauvre riche à millions,
» Par lui, les jambes des boiteux sont redressées ;…
» Mais, que vous dirai-je de plus ? Allez et espérez ! »

Cela dit, il sauta un petit buisson
Derrière lequel il se cacha complètement.
« Oh ! ma chère Margherita, qu’il est beau ! »
S’écria Pollonia, et elle frotta ses yeux rouges.
Alors Margherita, toute pensive :
— « Oh ! maman ! » dit-elle, « il est beau, pour vrai ! »

Ce fut un spectacle tout à fait pittoresque
De voir les mouvements et gestes des personnages.
Pollonia se tenait dans une posture respectueuse,
Inclinée, les yeux fermés, les doigts entrelacés
Et fortement appuyés sous le menton,
Pleine de béatitude et de contentement.