Un riche dîner, un somptueux souper
Que le Provincial paya, restaurèrent leurs forces ;
La table était tout entière couverte
De ce qu’il y a de plus rare sur terre et sur mer ;
On y voyait une telle quantité de bouteilles,
Que l’on aurait dit un jeu d’orgues.
Dans l’enceinte d’une obscure alcôve,
Gentiment ornée de sculptures dorées,
Se trouve un lit vaste et moelleux
Tout entouré de riches rideaux ;
Trois matelas neufs et une paillasse
Le garnissent, avec une belle couverture brodée d’or.
Quand il fut dix heures du soir,
Les deux amants, tout pleins d’amoureuse ardeur,
S’y rendirent pour accomplir l’œuvre charmante
Grâce à laquelle souvent naît une âme à Dieu ;
Et donna Rosa, selon son habitude,
Entra la dernière au lit, et éteignit la lumière.
Muse, inspire-moi de grâce une comparaison
Qui me permette de peindre le feu du Provincial…
C’est le rapide faucon dans l’air
Qui se lance sur la tourterelle fugitive…
C’est le cerf que lévriers et chasseurs
Poursuivent… Eh ! tais-toi ! je ne puis le peindre.
Sans se souder des caresses
Qui au doux assaut préparent les sens,
Entrant tout de suite en matière,
Le moine entama l’amoureux combat ;
Les secousses furent si rudes, si violentes,
Que les quatre murs de la chambre en tremblèrent.