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Page:Nouvelles soirées canadiennes, juil & août 1883.djvu/14

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nouvelles soirées canadiennes

Dieu pour lui. Mais pendant une nuit que cette sainte femme passait au pied des autels, il l’avait délaissée lâchement, et il avait mis un océan entre elle et lui !

Le jeune homme était saint Augustin, et la femme, sainte Monique.

Un an après, la mère ne pouvant plus vivre sans son fils, traversait le même océan au milieu des tempêtes, abordait au même port, et courait rejoindre son Augustin, que Dieu lui-même poursuivait avec une égale sollicitude.

Et quand le cœur du grand docteur fut changé, quand l’eau sainte du baptême eut coulé sur ce noble front, c’est encore à Ostie que l’on vit revenir un jour ce couple illustre et choisi de Dieu.

Ils s’en retournaient en Afrique, leur pays natal, pleins de projets et de rêves pieux. Ils allaient s’y créer une solitude austère et paisible, loin des bruits et des plaisirs du monde, une thébaïde délicieuse, où tous deux vivraient avec leurs amis, dans la méditation et l’étude des admirables mystères du Catholicisme.

Mais Dieu voulait autre chose. Une autre patrie appelait sainte Monique, et le chemin qui devait l’y conduire allait s’ouvrir sur une terre étrangère. Au milieu d’extases et de visions dont le récit jette dans l’enthousiasme, sainte Monique fut