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Page:Nouvelles soirées canadiennes, juil & août 1883.djvu/15

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souvenirs de rome

atteinte à Ostie d’une fièvre soudaine, et neuf jours après, elle expirait, les yeux dirigés peut-être vers l’Afrique, mais l’âme tournée vers le ciel !

Je ne puis résister au plaisir de citer ici une page de l’Histoire de sainte Monique, par l’abbé Bougaud. C’est le récit d’un de ces ravissements qui la transportaient au-delà du monde réel :

« Elle était assise à une fenêtre sur le bord de la mer. C’était par une de ces soirées d’automne qui ne sont nulle part plus splendides qu’en Italie. Le soleil se couchait, et faisait étinceler de ses derniers feux les vastes et transparentes solitudes de la mer. Pour jouir de ce spectacle, Augustin vint s’asseoir près de Monique. Le silence du soir, la beauté du ciel, l’étendue illimitée des flots, l’infini plus grand encore qui remplissait le cœur de sainte Monique et de saint Augustin, la paix du dehors moins profonde que celle du dedans, tout cela éleva peu à peu leurs âmes, et amena sur leurs lèvres une de ces conversations qui ne sont plus de la terre. »

« Étant seuls à cette fenêtre, dit saint Augustin, nous commençâmes à nous entretenir avec une ineffable douceur ; et oubliant le passé pour ne plus penser qu’à l’avenir, nous en vînmes à nous demander ce que sera donc, dans la vie éternelle, le bonheur des saints, ce bonheur que nul œil n’a jamais vu, que nulle oreille n’a jamais