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les aqueducs de rome ancienne

De grands troupeaux de bœufs à demi-sauvages y paissent sous la garde de pasteurs au costume pittoresque, montés sur de petits chevaux, et ornés d’une grande lance qui les fait ressembler aux chevaliers du temps jadis. La vie pastorale prend ici le caractère grandiose des lieux, et quand vers la tombée du jour, vous voyez, passer au galop à travers les ruines ces grandes caravanes qu’on mène à la cité, les cris, le piétinement, le nuage de poussière qui s’élève, vous reportent encore involontairement au temps de Rome ancienne, et vous font penser à ces courses de chars, à ces combats dont les empereurs régalaient leurs sujets avides d’émotions. Ici tout est poésie, tout est souvenir, tout est enseignement, et il y aurait profanation à faire disparaître ces restes vénérables, pour lesquels quiconque a un peu d’élévation dans les idées et les sentiments, professe un véritable culte.

Parmi tous ces débris semés dans la campagne de Rome, il en est quelques-uns qui attirent surtout les regards par leur aspect grandiose et leur construction particulière. Ce sont de longues files d’arcades, tantôt à un seul étage, tantôt superposées, se dressant çà et là à des hauteurs parfois considérables, et laissant voir dans leur masse, les traces d’un ou de plusieurs conduits le plus souvent rectangulaires ou en plein-cintre. Ces ruines imposantes des anciens aqueducs romains présentent, dans leur mode de construction et dans la nature des matériaux mis en œuvre, des différences