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les associations ouvrières et les grèves

cette plaie hideuse qui dévore nos sociétés, qui démoralise en même temps l’ouvrier et le patron : la grève ! Nous l’avons enfin nommé cette maladie funeste, aussi dangereuse pour ceux qu’elle attaque que pour celui qui veut tenter, d’y apporter remède, virus mortel qui demande le traitement le plus violent et qu’il ne faut toucher cependant que d’une main prudente et délicate.

Grâce au système d’association et d’économie qu’il a pratiqué, l’ouvrier en est arrivé à acquérir une certaine aisance, une indépendance relative. Il a accumulé un fonds destiné à l’aider en cas d’accident ou de maladie, et à subvenir dans une certaine mesure à l’existence de sa famille, en cas de décès. La création de ce fonds avait un but non-seulement légitime mais fort louable. Voici maintenant que d’une chose très-bonne en elle-même, on va faire un engin de discorde et de malheur ; d’un excellent, remède, on va faire un poison.

L’association ouvrière est dirigée par un comité ou conseil de direction. Ce comité est presque toujours composé des ouvriers les plus populaires de la société. Or, on sait que les gens les plus populaires, — surtout parmi les classes moins instruites, — ne sont pas toujours les plus méritants. Au contraire, ce sont, en général, les moins laborieux, qui laissent volontiers chômer l’ouvrage pour s’employer à capter la faveur de leurs com-